Ne vous posez même pas la question : ce n'est pas juste pour la photo que Jeanine et Patricia Margot ont l'air si proches et complices. Arrivée lundi aux Boutons d'Or, un gîte pour seniors situé route de Sainte-Nathalène, la résidente, âgée de « 86 ou 87 ans, je ne sais plus trop », semble déjà comme chez elle.
C'est sa fille Françoise qui a proposé ces vacances à Jeanine, habitant entre Cubjac et Périgueux, après avoir vu la brochure de ce lieu unique en Sarladais. Le mois dernier, le duo est venu sur place pour visiter les lieux et faire plus amplement connaissance avec la propriétaire. « C'était important, cela se passera chaque fois ainsi car toutes les personnes concernées doivent adhérer pleinement à cette démarche qui permet au senior de changer son quotidien et à son entourage de souffler un peu. »
Du 24 heures sur 24
Voilà plus d'un an que Patricia Margot travaillait sur son projet qui combine à merveille ses deux activités : auxiliaire de vie et tourisme. Jeanine est sa première résidente, pour une durée d'une semaine. « Le maximum que je me permette, c'est de recevoir pour un séjour de deux semaines. Je connais mes limites. Car après, il faut que je me ressource moi aussi. »
Patricia, 44 ans, qui habite juste à côté de son gîte, occupe une chambre à l'étage pour sécuriser son « invité » et sa famille. C'est donc du 24 heures sur 24, qui comprend également une aide à la toilette. « Cela demande de l'énergie, c'est sûr, mais je suis heureuse de faire ça. Et on passe de bons moments, n'est-ce pas ? »
Jeanine, dont l'oreille gauche a mieux vieilli que la droite, attrape chaleureusement le bras de Patricia pour lui faire répéter. Elle confirme d'un sourire. « On partage de nombreux points communs. Le jardin, le goût de la nature et la nourriture bio », dit la mamie, également amatrice de musique classique, en épluchant quelques carottes. « Ah non, je n'épluche pas car sinon, les vitamines s'en vont. Je les brosse simplement. »
De 90 à 120 euros par jour
Dans la cuisine, ça sent le bœuf carotte et le potage de légumes. Après manger, Jeanine ira faire la sieste, « car ma fille veut que je me repose. D'autant que je suis tombée sur les genoux il y a trois semaines. Mais ça va, je marche un peu mieux. »
Tellement qu'hier, Patricia et Jeanine devaient se rendre à La Roque-Gageac pour visiter une ferme. Et demain, deux enfants viendront « chez » Jeanine pour un atelier cuisine intergénérationnel. « C'est aussi le but de mon lieu de vie : créer des rencontres », reprend la propriétaire, dont les séjours tout compris restent abordables : 90 euros ou 120 euros par jour en cas d'aide à la toilette.
« Je ne fais pas ça pour l'argent, loin de là. C'est le côté social de la chose qui m'intéresse. Plusieurs acteurs locaux spécialisés dans les seniors (la résidence du Plantier, le Clic ainsi que les kinés) sont enthousiasmés par mon initiative et me font connaître. Je suis persuadée que ça va marcher. Il y a un vrai besoin. » La preuve : « Heureusement qu'un lieu comme ça existe », affirme la première bénéficiaire avant de passer à table.